Médecin montrant des IRM cérébrales affichées sur une table lumineuse.

Qu’est ce que la neuropsychologie ?

La neuropsychologie est un peu comme une enquête policière dans les couloirs du cerveau : on observe des comportements étranges, des pertes de mémoire, des difficultés de concentration… et on remonte la piste jusqu’au cortex coupable. C’est la rencontre entre la psychologie clinique et les neurosciences. Autrement dit : comprendre comment les fonctions mentales (mémoire, attention, langage, etc ) sont touchées quand le cerveau va de travers, pour mieux accompagner les personnes dans leur quotidien.

La neuropsychologie : quand le cerveau joue à cache-cache


Les neuropsychologues sont donc des décodeurs : ils testent, observent, synthétisent. Pour cela, l’outil principal est le test neuropsychologique qui permet d’évaluer le bon ou mauvais fonctionnement d’un processus cognitif. Pour autant, leur rôle ne se limite pas à repérer ce qui cloche ; ils cherchent aussi comment contourner l’obstacle. Comme un GPS mais avec plus d’humanité.

Un cas clinique emblématique : Phineas Gage, ou l’homme qui a perdu la tête... sans mourir

Impossible de parler de neuropsychologie sans évoquer Phineas Gage, ce contremaître américain du XIXe siècle devenu la mascotte involontaire des neurosciences. En 1848, à la suite d’un accident de dynamitage, une barre de fer lui traverse littéralement la tête – entrée par la joue, sortie par le crâne – détruisant une bonne partie de son lobe frontal.

Et pourtant, miracle (ou scandale pour les lois de la probabilité) : il survit. Physiquement, il récupère. Mais psychologiquement, ses proches ne le reconnaissent plus : l’homme ponctuel, sérieux et apprécié devient impulsif, grossier, inconstant. Il passe de gestionnaire de chantier à personnage imprévisible, incapable de planifier ou de réguler ses émotions…

Ce cas est capital. Il a permis de démontrer que le cerveau n’est pas une boîte homogène, mais une architecture où certaines zones sont spécialisées. Le lobe frontal, entre autres, s’est vu attribuer un rôle central dans la régulation du comportement social, la planification, le contrôle des impulsions. On est loin du simple "cerveau = siège de la pensée" : c’est un orchestre, et si le chef d’orchestre prend une barre de fer dans la tête… le concerto déraille !

On est loin du simple "cerveau = siège de la pensée" : c’est un orchestre, et si le chef d’orchestre prend une barre de fer dans la tête… le concerto déraille !

Et aujourd’hui ?

La neuropsychologie moderne n’a plus besoin d’accidents de chantier pour travailler. Grâce à l’IRM, à des batteries de tests standardisés et à une approche clinique rigoureuse, elle intervient dans de nombreux domaines :

  • - Traumatismes crâniens
  • - AVC
  • - Maladies neurodégénératives (comme Alzheimer)
  • - Troubles neurodéveloppementaux (TDAH, troubles des apprentissages)
  • - Fatigue cognitive, burn-out, douleurs chroniques

Le travail du neuropsychologue ne se limite pas à "poser un score" : il doit comprendre la personne, son environnement, ses ressources, ses limites… et proposer des stratégies de compensation ou de rééducation. En d’autres termes : ce n’est pas parce qu’un patient oublie trois mots sur cinq qu’il est condamné à une vie post-it.

Une spécialité aux multiples accents

Le neuropsychologue jongle avec des données objectives et des récits de vie, des chiffres et des silences. Il doit comprendre ce que l’on ne dit pas, détecter ce qui se cache sous une plainte cognitive vague, et parfois oser dire qu’on ne sait pas — mais qu’on va chercher.

Alors oui, parfois les tests sont longs, les bilans neuropsychologiques fastidieux, les délais de rendez-vous à rallonge, mais derrière tout ça, il y a une discipline profondément humaine, qui tente de relier le cerveau et la personne, la fonction et la souffrance.