1/3 - ACT : une thérapie qui ne vous promet pas d’être heureux tout le temps (et c’est tant mieux)
Bienvenue dans le monde paradoxal de la thérapie d’acceptation et d’engagement, plus connue sous son acronyme anglo-saxon : ACT (à prononcer comme "acte", et non comme "A.C.T.", sauf si vous voulez vraiment passer pour un robot). Contrairement à d’autres approches qui vous vendent la paix intérieure en 10 séances chrono et une extinction définitive des pensées négatives, l’ACT ne cherche pas à vous rendre heureux. Non. Elle vise plutôt à vous aider à vivre une vie qui a du sens, même quand le bonheur décide de faire grève. Et elle y parvient en mobilisant 6 processus centraux. Voici un petit tour d’horizon.
La défusion cognitive : dire stop à la dictature des pensées
Vous avez une voix dans la tête qui vous répète "Tu vas échouer", "Tu n’es pas assez bien", "Les autres vont te juger" ? Félicitations, vous êtes humain.
Plutôt que de lutter contre ces pensées ou de tenter de les chasser à coups de citations inspirantes, l’ACT vous invite à les regarder comme… de simples pensées. Pas des ordres. Pas des vérités absolues. Juste des petits nuages dans le ciel mental.
Objectif : créer de la distance avec vos pensées pour ne plus en être l’esclave.
L’acceptation : accueillir l’inconfort sans lui faire un câlin
Accepter, en thérapie ACT, ne veut pas dire "aimer" ou "se résigner". Il s’agit d’accueillir pleinement ce qui est déjà là : une émotion, une sensation, une douleur, un souvenir. Bref, tout ce que vous avez essayé de fuir en binge-watching Netflix ou en remplissant frénétiquement votre agenda.
Paradoxalement, c’est souvent en cessant de lutter contre nos ressentis qu’ils nous laissent tranquilles (ou au moins, qu’ils nous pourrissent moins la journée).
Le soi comme contexte : vous êtes plus qu’un contenu mental
Vous n’êtes pas vos pensées. Ni vos émotions. Vous êtes la conscience qui regarde ces mots à cet instant même.
L’ACT vous aide à cultiver une forme de recul qui permet de vous observer penser, ressentir, douter… sans vous confondre avec tout ça. Ce processus renvoie à la capacité d’être le théâtre dans lequel les expériences se déroulent, plutôt que les personnages qui s’agitent sur scène.
La pleine conscience : être ici plutôt qu’en "mode pilote automatique"
Oui, c’est à la mode. Mais ici, ce n’est pas une séance de relaxation au spa (bien que ce soit agréable de temps en temps). L’idée, c’est d’être en contact direct avec ce que vous vivez, ici et maintenant, plutôt que de ruminer le passé ou d’angoisser sur un futur hypothétique.
Et non, ce n’est pas toujours agréable. Mais c’est le principe de réalité.
Les valeurs : ce qui compte vraiment pour vous (et pas pour le voisin ni pour votre psy)
L'ACT vous invite à clarifier ce qui est profondément important pour vous, au-delà des attentes sociales ou des "il faut". Est-ce la créativité ? L’amitié ? La liberté ? L’humour ? L’engagement social ?
Connaître ses valeurs, c’est avoir une boussole pour avancer, même dans les tempêtes.
L’action engagée : vivre en accord avec ses valeurs (même quand c’est dur)
C’est le passage à l’action. Pas forcément spectaculaire, mais aligné avec vos valeurs. Même quand la peur, le doute ou la flemme cognent à la porte.
L’idée, c’est de ne pas attendre que tout aille bien pour agir. C’est d’agir parce que ça a du sens, même si l’anxiété est là, même si c’est imparfait.
En résumé
La thérapie ACT repose sur un principe simple : ce n’est pas l’absence de souffrance qui fait une vie riche et pleine de sens, mais notre capacité à avancer avec elle.
C’est une psychothérapie où l’on apprend à faire de la place à ce qu’on ressent tout en se rapprochant de ce qui compte vraiment.
Dans le prochain article, on verra comment ces 6 processus fonctionnent ensemble comme une équipe, avec des exemples concrets et des pièges à éviter.